Nous la disons ancestrale, profonde, mystérieuse, enveloppante, envoûtante… sombre, sauvage, inquiétante mais aussi attirante.

Nous la voulons propre, accueillante, sécurisante mais nous voulons aussi y retrouver nos rêves et les peurs délicieuses des histoires de notre enfance.

Nous la croyons conquise, alors nous voulons la protéger, la gérer, l'organiser, la dominer, mais l'avons-nous vraiment comprise ?

La voyons-nous encore comme une forêt ?

Savons-nous vraiment qui elle est ?

Sommes-nous capables de vraiment l'écouter ?

Connaissons-nous son vocabulaire ?

Entendons-nous toujours les mots qu'elle sème dans notre tête ?

Avons-nous appris son silencieux langage, celui qui fait naître les images et nous dit les secrets de cette grande discrète ?

Savons-nous cueillir ses lumières, celles qui montrent et celles qui cachent ?

Prenons-nous le temps d'avancer à son pas pour surprendre le fugace, le minuscule, l'inattendu, l'insolite, ce que nous ne voyons pas, ce que nous ne voyons plus ?

Sommes-nous encore capables de laisser tomber un moment nos habits de petits hommes, de suivre les sentiers qui nous mènent vers elle et d'oublier le vouloir pour retrouver le recevoir ?

Il nous faut peut-être la retrouver cette grande discrète que nous prétendons connaître.

Et pour ce faire il nous faut commencer par la redécouvrir vraiment, celle dont nous parlons beaucoup, celle que depuis trop longtemps nous n'écoutons plus vraiment et que nous traversons souvent sans la voir car nous ne prenons plus le temps de la regarder.

Pour ces retrouvailles il nous faut privilégier le réveil des oiseaux et les premières tirades d'un merle insomniaque dans la lumière du matin ou préférer le déclin du jour, la fraîcheur du soir et les soudaines vocalises d'une hulotte pressée.

S'arrêter un moment sur la lisière pour surprendre la flamme rousse d'un renard en maraude ou la chasse fulgurante de l'épervier et y déposer tous ces parasites qui encombrent notre tête. Oublier le vouloir, oublier le faire, oublier le prendre, laisser là le brouhaha et la précipitation du temps des Hommes et libérer la place pour épouser celui de la forêt.

Tenter d'éloigner le « dehors » et alors, alors seulement, passer la sombre palissade des premiers arbres pour entrer dans la forêt, pour entrer en forêt.

S'accorder un instant pour mettre son esprit au diapason des arbres. Poser le pied sur l'humus, avancer discrètement dans la futaie et lentement marcher à la rencontre de celle qui toute entière s'offre à nous sans retenue, sans faux-semblants. La ressentir, la sentir, l'écouter, la regarder. Guetter ses clins d'œil lumineux pour espérer surprendre ses furtifs cadeaux. Savoir l'attendre. La laisser doucement nous cerner, nous observer, nous frôler, nous caresser, nous envelopper. Lâcher prise, ne pas résister, accepter sa prégnance et la laisser nous montrer le chemin.

C'est donc bien de la « forêt discrète » que nous parlent l'exposition photo et le calendrier d'animations que l'association « Bercé Naturellement » met en place à Marigné-Laillé dans le cadre de ses rendez-vous du bocage 2024.

Vous trouverez ci-dessous le livret de présentation de l'exposition au format PDF, ainsi que le calendrier des animations 2024.